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James Vincent MCMORROW

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Trip Tips - Fanzine musical !

samedi 9 juillet 2016

NOT BLOOD PAINT - Believing is Believing + interview (2016)



OO
Rock, metal, power pop
original, intense

Not Blood Paint est un groupe qui a apparemment appris à prendre des décisions rapides et brillantes, expérimentant pour faire de leurs concerts des moments de 'dissonance cognitive', c'est à dire pour remettre à plat tout ce que les gens pensent de la musique de New Yorkaise en se faisant le reflet d'un petit monde obsédé par son destin, et en proie à une exaltation forcée. A ce jeu-là, ils coiffent tout le monde au poteau, se parent de peintures de guerre et produisent une musique à la fois organique et chamanique. Leurs morceaux alternent élégance et lâcher-prise avec une inventivité qui se ressent par la l'imagerie des paroles, comme issue du livre d'un archonte déchu. Ils ont la prévenance de ne rien vraiment répéter.

Les morceaux se succèdent dans un enjouement qu'ils doivent autant à leur mentors Of Montreal qu'à Prince, dont ils auraient rêvé faire la première partie. Pour le côté plus trivial, leur chanteur et guitariste Joe Starton sonne un peu comme José Reis Fontao de Stuck in the Sound (groupe français). Leur rock progressif ne ressemble plus que loin à ses inspirations seventies, s’enfonçant dans des influences power pop, métal, jusqu'au cœur sombre de l'album, constitué par One by One et Borderline. On est constamment étonné par cet album où chaque articulation est amenée de façon si profonde.

Au vu de la pochette et du titre de l'album, Believing is Believing, un match forcément impertinent avec la religion s'impose. D'autant que s'ils recherchent la 'dissonance' de leur aveu, dans des formules pourtant faites pour être accrocheuses, on peut aussi évoquer que 'croire', (to believe), c'est fait pour entrer en résonance. La musique c'est un moyen d'éprouver l'instant, et notre faculté à devenir plus ouverts face à notre nature. Entrer en résonance, c'est dépeindre un écosystème (New York dans leur cas?), faire l'état du monde extérieur. La religion, elle aussi, ne semble valable que reliée à la nature, sous sa forme la plus primitive et grandiose. Mais au lieu de la sublimer, elle sert plutôt à calmer l'angoisse d'une nature omniprésente.

Il ne s'agit pas de faire seulement un travail sur soi, intérieur, mais d'aller dans la diagonale, à la fois du coté de l'Histoire, de la nature, et du relationnel, qui se combinent dans l'art. Par cette combinaison, la musique semble le moyen le plus valable de profiter de l'instant, comme le théâtre, et d'ailleurs Not Blood Paint a choisi la première voie car le public n'était pas au rendez-vous dans la seconde. Comme les religieux les plus effervescents et Titus Andronicus, le quintette punk du New Jersey, ils s'inspirent d'épisodes sanglants et dramatiques de l'Histoire, et de Shakespeare, lisent peut-être même l'écheveau relationnel à travers ce prisme. Comme Titus Andronicus, ils affectionnent de créer des personnages éphémères qui pourront leur servir de bouclier et de martyrs pour dénoncer l'aliénation.

Les sentiments, tel l'amour à l'emporte-pièce qui tapisse certaines de ces chansons (The French Song, le moment où l'album retombe dans quelque chose de moins transcendant), deviennent mieux qu'une sensation fugace, une longue séquence sensée nous rendre plus ouverts. Ces trois choses, - art, nature, religion – sont sur un axe vertical de résonance (selon le philosophe allemand Hatmut Rosa), par opposition au partage, à la communication qui sont sur un axe horizontal. Not Blood Paint tente de provoquer ces fameuses résonances, de nous rendre plus réceptifs. Comme les prêtres d'un culte, Not Blood Paint ont désormais des ambitions difficiles à cacher ; on peut regarder leurs efforts, comme il le font eu mêmes, avec autant de recul et d'ironie que devant un bon panneau peint religieux.

Not Blood Paint interviewés par le site/salle de concert Le Poisson Rouge. Traduction Trip Tips.

http://lpr.com/qa-not-blood-paint-talks-about-crowdsourcing-funds-drawing-inspiration-from-seeing-bands-in-small-rooms-and-more/



Hey, Not Blood Paint ! Nous aimerions entendre comment vous vous êtes tous réunis pour jouer de la musique. Sans parler du choix du nom du groupe.

Avant que nous nous mettions à répéter notre musique de manière régulière, nous faisions déjà du théatre, et invitions dans notre loft de Bushwick. Nous concevions des pièces, créions un Macbet rock n' roll, et nous sommes retrouvés emarqués dans des happenings sas fin et sans audience. Nous avons réalisé ue les ges ue ous coaissions et ui vivaient dans toute la ville étaient prêts à faire du chemin pour un bon concert bien plus souvent que pour une pièce de théatre. Ainsi nous avons aménagé un studio et nous sommes mis à jouer et à enregistrer régulièrement ! Les deux mondes se sont naturellement réunis.

Quant au nom de groupe, un matin, nous regardons par la fenêtre de l'immeuble vers le coin le moins accessible et désert, derrière. Tachant le bitume, il y avait une grande flaque de sang, à côté d'un revolver et d'une paire de lunettes cassées. Assassinat ou séance photo... lequel des deux s'était vraiment passé la nuit précédente ? Les deux options se valent...

Qu'est ce qui inspire le mélange de théâtre et de performance de vos concerts ? Qui choisit les costumes, le maquillage, l'humeur générale de chaque spectacle ? Espérez-vous répéter une certaine apparence, une ambiance ?

Nous avons vu beaucoup de musique live dans des lieux entièrement remplis de gens qui semblaient vraiment n'avoir aucune envie d'être là. Depuis le gars à la table de mixage, à l'audience arborant des tee-shirts du groupe, jusqu'au groupe lui-même ! C'est bizarre et ennuyeux. Nous sommes peut-être ces deux choses, par moments, mais c'est toujours volontaire !

Nous nous inspirons de nombreuses sources pour l'aspect visuel de nos concerts. Parfois la chorégraphie est tirée de la structure des chansons. Parfois nous avons une idée de costume en s'inspirant de la salle elle-même. Ou bien notre comportement est basé sur un personnage. Souvent il y a une narration qui sous-tend le choix des chansons que nous jouons. Nous essayons de nous surprendre et de rester dans l'instant, autant que possible, afin que l'élément visuel ne soit jamais réduit à un ensemble d'astuces préétablies. Idéalement, il s'agit d'ouvrir l'espace et de laisser jaillir des formes spontanées de conversation.

Nous essayons de ne pas répéter le même show deux fois, mais certains personnages ont assez de chair pour devenir des acteurs récurrents dans une mythologie en progression constante.

On entend beaucoup parler aujourd’hui de la mort de Brooklyn, la gentrification [embourgeoisement urbain], combien il est difficile d'être un artiste, ce que cela signifie de faire de l'art à New York, et tout ça. Vous sentez vous bienvenus en tant qu'artistes ici ? Pensez vous demeurer ?

La gentrification est un processus désolant, et fascinant à observer. Nous ne nous en passerons pas, tant que nous aurons l'esprit de la métropole et du lézard sur le mur ! Lutter laisse de la souffrance, de l'aliénation, et dévore de l'énergie et de la créativité. Bien sûr, nous ne sommes pas les bienvenus à New York, ni même dans ce pays. Le plus gros de l'Amérique ne tolère pas que son rêve soit embrouillé par trop de questions. Ce que les artistes les plus dangereux font, c'est entrer en relation avec ceux de leur public qui ont trouvé ou qui recherchent des manières d'utiliser la dissonance cognitive de façon créative. New-York se remet en cause, est dans la résilience, mais ce n'est pas vraiment le cas dans la majorité du pays.

Comment s'est passée votre expérience de collecte de fonds (crowfunding) avec la plate-forme internet Kickstarter, pour permettre au groupe de terminer l'album ? Le referiez-vous ?

L'expérience de crowfunding était épuisante, terrifiante, exaltante et une vraie leçon d'humilité. La quantité d'organisation et d'énergie qu'il faut imputer est énorme, et nous sommes toujours au beau milieu de ça. Mais nous avons commencé à réaliser que de s'engager avec succès dans cette démarche, c'est avoir un aperçu d'un procédé qui pourrait très bien sauver les arts, l'éducation, la médecine, la technologie des griffes de la mort. C'est excitant quand on y pense comme à une chose dont les implications permettraient d'anticiper, et de faire avancer ce sur quoi reposent nos espoirs. Les artistes doivent t-ils lever des fonds en permanence ? Nous espérons que non. Mais l'effort nécessaire pour réunir un créateur et un individu essayant de supporter son idée est un bon entraînement, on doit penser activement à une manière d'échanger les valeurs de façon plus organique.

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